Assistente editor: Hugo de Aguiar

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Rui Almeida

2.
Quand sur la vitre se dévoile l’ombre
D’un être que vole et ressurgit voltigeant
N’est pas oiseau, ni ange, toujours l’ombre
Que s’éloigne restant visible et réelle

Alors soudain de lumière l’oeil brûle

Rui Almeida, do livro Lábio Cortado (Livrododia Editores), premio Manuel Alegre 2008.

Tradução: Fernando Oliveira

L'ombre des murs

dans les remparts de la maison
une sangria de corps
va en crescendo
alimenter la pellicule des murs

quelques vieilles mémoires d’hommes éteints
yeux fermés, par dedans
seulement fermés

avec une strophe encore plié
par la lacune de la caresse

j’escorte l’empreinte du bois qui m’emmène au feu perpétuel

si t’as renversé le calice
dieu a simplement pressenti
une légère sensation d’eau ruisselante

il caresse la rivière de tes cheveux

l’œuvre incube
disparaît dans l’aubade de la pierre et de la photo

Tradução : Fernando Oliveira, do original - sombra das paredes - de Jorge Vicente

dans ce silence

qu’as tu fait de la fleur de lys
qui dissimulait, à la lumière, dans le jardin
la statue mutilé?

dans quel vide plonge
le vif des épines

dans mon corps s’emboîtent des chemins
sans arbres au soleil
et une myriade de pensées
infimes sont mes subsistances…

je ne connais aucune mère, mer
père, air, fils ou navire
je ne sais pas dans quelle direction pointe la route
dans le silence dévot des revolvers

Maria Gomes (trad, Fernando Oliveira)

Sève éternelle

Dans ma mémoire, ailleurs.
Seulement tu persistes.
Comme l’eau en pirouette
dans la vallée de souvenirs
ou j’ai installé mon bivouaque.
Dans le sable qui brûle mes pieds.
l’orée verdoyant qui fredonne un air de chant.
Les barques que croisent mes pensées,
voltigent, comme papillons polychromes
libres, qui se posent en douceur
dans les pilotis, supports de mon regard.
Dans ce recoin que n’appartient a personne,
les abeilles bourdonnent et volètent
en ce temps défaillant, comme moi.
Je vois ton image réapparaître
dans l’entrebâillement des feuillages.
Mon regard flou se liquéfie dans le néant,
le soleil gifle mon corps immuable.
Et je revis, comme un primitif vertébré
Au milieu du clameur des goélands.
À la recherche de la préservation
Ou toi, comme un trésor glorieux.
Demeureras à jamais.
Présent.

Ana Sanka, do original « Seiva Eterna » (Trad : Fernando Oliveira)

Dans le Mont d’Araras

La pluie s’arrête
Le vent s’en va
La nature s’apaise
J’écoute le chant grégorien
Le son du silence
Et j’écris ce poème
Empli de lieux communs
Sans blâme ni répression

Artur da Távola, do original “ No Morro de Araras” (trad: Fernando Oliveira)

Vide

De Vânia Moreira Diniz

Traduzido para o francês: por Fernando Oliveira

Je regarde autour de moi, je ne vois rien
rien, strictement rien
Le tout s’apparente à un grand mystère
et je prie
Sans pouvoir discerner les secrets que j’enferme
et préserve, dans mon cœur dépeuplé

Je ne trouve aucune résonance, et m’éloigne
Aucune révélation ne pointe
j’abandonne
Ne voyant pas l’éclat du phare, je me sépare
comme si rien je n’avais connu
je flanche

Je sens l’apesanteur sans pouvoir l’apprivoiser
je m’approche de la miséricorde
que je devine
en pleurant, car je ne la connais pas
Je pleure
car je ne connais pas son étendue

Poursuivant l’idéal auquel je ne crois plus
dans l’univers aux couleurs sans apogée
L’agonie persiste
et la tristesse refuse de s’en aller
L’insensibilité se réfugie dans l’antre
des illusions, où je me trouve bien caché

Je ne veux pas de la nostalgie d’un contact
des souvenirs dissimulés derrière un mur
du rêve toujours vivace
et encore tenace
et du passée emporté par les ténèbres
Je n’aperçoit que le chagrin perpétuel
l’intuition de la démence
et le vide
d’effusions ensevelies par l’épreuve

Cœur pour toujours blessé
je chemine concentrée
j’avance
le pas est apathique
pas sur

Je touche le vide…

Vide (do original, Vazio)

LE SAVOIR

le joyeux savoir, bat la parole-pain
la cité est peinte de poussière bleue
alors, il n’y a plus rien a dire
que l’oubli d’un silence acéré

j’avance parmi les stries et coins
de l’aride pierre
je m’inflige le conflit des dents
ou la parole bondit
de l’unique matrice

c’est encore le silence que j’écoute
ici, au ras du sol d’un soleil sans ombre
couché dans la feuille humide
ou bat la dent, jusqu'aux tréfonds
d’un paisible océan

Traduction: Fernando Oliveira, de l’original ( O Saber ) de José Gil

A un poète oublié

Ces feuilles silencieuses
Ces paroles anesthésiées
Me font évoquer
Les cités moribondes
Ou rien n’a de sens !

Ossuaires de stances
Souhaitant renaître
Sans gloire ni valeur
Seulement inanimées
Dans un monde, désespoir
Et serpentines de larmes

Ah, comme c'est triste et inhumain
Cette vaine dévotion
Assembler la connaissance
Et la déposer dans l'amnésie !

Je sens un spasme qui me brûle

Un cauchemar coutumier
Quand je vois un poète oublié.

Ana Sanka, do original : A um poeta esquecido (trad : Fernando Oliveira)

(a Eugénio de Andrade)

(pour que votre rose d’hiver soit vivante à l’éternité)

Tu demandes sans candeur
à quoi sers, être rose en hiver?
Tu ne nomes, ni la couleur, ni l’espèce
qu’importe
Il te suffit qu’elle soit rose
et chauffe l’hiver
Être rose en hiver
fait revivre une vieille face
d’un sourire
ravivant les contours des brumes de l’imprécis
Être rose en hiver
nous aide à saisir le parfum de l’espérance
et à neutraliser les pièges de la mémoire
Être rose en hiver
c’est avoir avril, en décembre
et illuminer les larmes
d’un soleil éreinté
La rose de l’hiver
est la liaison de l’imprévu
avec les rivages de l’oubli
ou le poète reproduit son vécu
consignant ses rêves
La rose de l’hiver
est un don d’esquisse baroque
que Dieu offre à ceux qui naviguent
vers le chemin de l’île de toujours

Manuela Rodrigues

(tradução: Fernando Oliveira)

le fantôme

je ne suis pas sculpteur

les mains vacillantes
j’ai pris un morceau d’argile

fait un saint ou un diable
je m’en remet au vainqueur

Tradução : Fernando Oliveira, do original – O fantasma – de Joaquim Evónio

Victor Jerónimo & Mercêdes Pordeus

Maintenant, et…(*)

Victor Jerónimo

En ce jour, vient de germer un nouveau temple
des profondeurs de mon être
tel un autel revenu
des décombres de la nuit

Une immense Cathédral, augurons,
en format et en contenu
Telle une présence, passion
de lumière, contours et communion

En toi, mon âme s’embrase
et en moi, un oratoire revit
empli d’une intrinsèque joie

Le passé est révolu, évanoui dans les temps
Une nouvelle lumière est apparue
L’avenir est la renaissance de notre magie

Pour toujours(*)

Mercêdes Pordeus

J’ai construit mon amour, pour toujours
sur une pierre angulaire
pour qu’il ne tombe pas en ruines
sur l’effet de l’érosion du temps.

Réanimé du profond de mon âme
et rénové dans tous les quotidiens
Ses bases sont des appétences
qu’il faut discerner avec sagesse

Si en toi, mon âme s’enflamme
Chaque matin, est claire genèse
qui prend des dimensions inédites

Si en moi, tu vois une lueur animée
Je l’ai puisée au sein de ton être
Gardons-la frétillante à l’éternité.

(*)Traduzido por Fernando Oliveira

Parfum

Aujourd’hui, je me promenais distraite dans une rue
quand j’ai senti son odeur dans l’air
venant vers moi, comme si je l’appelais
Alors, comme dans un rêve, j’ai vu ton visage
J’ai vite compris le sens de la communion
J’ai voulu proclamer ton nom
le crier à tous ceux que j’aime
mais j’ai eu peur qu’ils me prennent pour une folle
Cependant, seulement la déraison peut expliquer
ce que la raison oublie de provoquer
en ces moments
J’ai dévisagé autour de moi, et vu les regards
Etais-je en train d’exhaler ton parfum
Dévoilant ainsi l’essence de notre passion ?
Je ne sais pas…
Simplement, maintenant je sais
que l’amour contient une odeur au bouquet spécifique
le notre. Qui possède dans le désir
l’essence d’une vitalité enduré
ou il ne suffit pas d’aimer, mais de croire
Aujourd’hui.
j’ai senti ton arôme
qui disait ! J’arrive
aie confiance en notre amour.

Eliane Gonçalves ( tradução: Fernando Oliveira )

Poète, dédié au poète Manoel Jorge Monteiro - Efigênia Coutinho

Vous avez un style bien à vous
des yeux que saisissent l’insolite de la vie
Rien n’alourdit vôtre âme
car elle supporte les destins
ou tous les émois sont permis!

Ne jamais se laisser effarer par la souffrance
dans cette route qui n’a qu’une voie
ou coexistent la genèse et le deuil
et ou vit la connaissance partagé
Un poème au bout des lèvres
qu’enlumine les stances du poète!

Chantez aède, le naturel du théorème
accueillez avec un langage inusité
les songes, la joie mêlé au bon vin
Éponge de miel scellé aux lèvres
façonnant l’écarlate dans les airs
Le cœur en fièvre pour la bien-aimée!

Traduction : Fernando Oliveira, de l’originel – Poeta; de Efigênia Coutinho

Mains décharnées

mains décharnées pointent
vers l’infini

questionnant leur authenticité

les voix du peuple
sont une vaine allégorie

Tradução:Fernando Oliveira, do original – Mãos descarnadas – de; Joaquim Evónio

Héritage (Artur da Távola)

Aujourd’hui je ne suis plus, qui
Fernando Pessoa voudrait que je fusse
et moi aussi croyais être.

Refoulé le malheur.
Je suis le frère que nous n’avons pas eu,
capable de rester avec lui,
sans être comme lui,

Il m’offre des libertés,
la principal desquelles,
me permet d’aimer la poésie.
Comme je le fis avec Schubert.

Artur da Távola do original “Herança” (trad: Fernando Oliveira)